KWAME NKRUMAH Avenue

Le 13 Août dernier, un nouvel attentat terroriste a lieu à Ouagadougou au lieu dit avenue KWAME NKRUMAH. Avenue devenue presque la « destination de la mort »

​A la question de savoir « que vous rappelle l’avenue KWAME NNKRUMAH ? » beaucoup serait tenté de trouver des mots et expressions relatifs au cynisme qui plane ces derniers temps sur cette voie de la capitale Burkinabé. En effet, les attaques perpétrées d’abord au SPLENDID HOTEL, plus récemment au café restaurant ISTANBUL donneraient à plus d’un raison de penser ainsi.

Cependant, même si l’avenue KWAME NKRUMAH semble être perçue comme la « destination de la mort », elle demeure tout d’abord un lieu de référence comme le témoigne la présence des bâtiments administratifs, les lieux de loisirs … Bien au-delà de cela, juste l’appellation « KWAME NKRUMAH » rappelle l’immortalisation d’un personnage dont les œuvres et le charisme ont marqué l’histoire non seulement d’un pays, mais également d’un continent

KWAME NKRUMAH : le personnage.

​D’origine ghanéenne, NKRUMAH nait le 21 Septembre 1909 dans la Côte-de-l’Or, alors ancien Ghana. Fils d’une famille modeste, il bénéficie d’une scolarisation essentiellement destinée aux enfants des notables traditionnels. Dès l’âge de 17 ans, il est remarqué par un inspecteur qui l’envoie dans la banlieue d’Accra poursuivre ses études jusqu’au niveau universitaire, qu’il ira compléter aux Etats Unis, précisément à l’Université de Lincoln dont il sortira titulaire d’une licence en Sociologie. Des motivations particulières vont le conduire vers un destin spectaculaire.

KWAME NKRUMAH : les motivations.
Très tôt, KWAME se fait le défenseur du panafricanisme. En effet, durant ses années universitaires, il fut membre d’une association d’étudiants africains des Etats-Unis aux ambitions essentiellement panafricaines. Le colonialisme et l’impérialisme sont des thématiques qui passionnent celui qui deviendra le père de l’unité Africaine.
Dès son retour en Côte-de-l’Or en 1947, NKRUMAH affirme ses idées indépendantistes en se joignant à l’UGCC (United Gold Coast Convention), où il occupe les fonctions de secrétaire Général. Il s’agit d’un parti essentiellement constitué des notables indigènes que par la suite, il transforme en parti de masse ; également constitué d’une branche jeunesse dont les activités de propagande se font à travers les journaux. Des motivations qui seront à l’origine des œuvres fabuleuses.

KWAME NKRUMAH : les œuvres.
NKRUMAH est le père de l’indépendance du Ghana. Grâce à lui, le Ghana devient la deuxième colonie à obtenir son indépendance après le Soudan. Il rebaptisera l’ancienne Côte-de-l’Or en actuelle « Ghana » dès son accession à l’indépendance.
Artisan du panafricanisme, KWAME NKRUMAH organise la première conférence des Etats indépendants d’Afrique, en 1953. La dualité de ses ambitions expliquent peut être leur pertinence : non seulement il revendique l’indépendance immédiate de l’Afrique, mais aussi, il prône la formation d’une identité supranationale les « Etats-Unis d’Afrique » qui permettrait au continent de devenir l’une des grandes forces du monde. Fondateur de l’OUA devenue aujourd’hui Unité Africaine (UA), elle demeure l’une de ses œuvres les plus universalistes en plus de sa philosophie.

KWAME NKRUMAH : la philosophie.

​Dépositaire du Consciencisme, ou Nkrumahisme, NKRUMAH a pu matérialiser cette philosophie dans un ouvrage dont l’intitulé rappelle son courant de pensée : le Consciencisme. A travers cela, il prône la libération de la culture du continent Africain car d’après lui la libération précède la liberté. Le Consciencisme d’après NKRUMAH est « l’ensemble en termes intellectuels de l’organisation des forces qui permettront à la société Africaine d’assimiler les éléments occidentaux, musulmans et euro-chrétiens présents en Afrique et les transformer de façon qu’ils s’insèrent dans la personnalité Africaine ». En d’autres termes, il est question de libérer la conscience Africaine du conflit qui l’agite afin de lui permettre de maitriser son environnement. Ce courant de pensée, NKRUMAH l’a voulu universelle comme il l’a si bien souligné dans son ouvrage en ces termes « cette philosophie est une philosophie générale, applicable à n’importe quel pays ».

De par son charisme, ses motivations, œuvres et philosophie, NKRUMAH reste un personnage au destin fabuleux, bien que contesté par certains, son nom reste gravé dans les mémoires collectives. Rien d’étonnant qu’une célèbre avenue soit baptisée en son nom. Un charme que la récidive des attentats sur cet itinéraire n’a rien enlevé.

Antoine Tankeu