“Depuis le 08 Décembre, villes mortes, protestations, et revendications se sont succédées. Même si la situation a pu être endiguée, la voix sourde d’une crise identitaire persiste”.
Depuis quelques mois, les régions d’expression Anglophones sont le théâtre de vives revendications: Villes mortes et vives protestations à caractère identitaire sont au menu. Malgré les mesures prises par le Gouvernement en vue d’endiguer la situation, la persistance d’une crise identitaire reste d’actualité. Le vivre-ensemble dont a fait l’objet le discours du Président lors de la dernière édition de la fête de la Jeunesse a perdu de son sens dans ses régions. Pourtant il s’agit bien d’un héritage inscrit dans la mémoire collective Camerounaise.
Le vivre-ensemble: Un concept plus ancien que l’Indépendance.
Qu’importe que l’on ait tendance à ne plus lui donner ses lettres de noblesses, il est un fait que le vivre-ensemble est un concept encore plus ancien que celui de l’Indépendance. Voir même il a connu l’évolution du temps avec l’apparition de la notion d’Intégration nationale. Même les précurseurs de l’indépendance du Cameroun ont pris conscience du fait que la réalisation du vivre-ensemble à travers L’Unification était une nécessité sans laquelle l’Indépendance ne pourrait se faire. C’est ce qu’atteste RUBEN UM NYOBE lorsqu’il déclara en Décembre 1952, lors de la quatrième commission de l’Assemblée Générale des Nations Unies : “… Nous ne demandons pas l’ Indépendance immédiate, nous demandons l’ Unification immédiate de notre pays et la fixation d’ un délai pour l’ Indépendance.”
Même s’il a fallu attendre le 27 Juin 1991 pour se voir reconnaître “Héros National” par l’Assemblée du Cameroun, il est une évidence que le caractère fondamental du vivre-ensemble n’était plus à démontrer. D’autres penseurs de l’indépendance Camerounaise viendront perpétrer les idéaux défendus par RUBEN UM NYOBE; à l’instar de FELIX ROLAND MOUMIE.
Alors pourquoi vouloir mettre en péril un héritage durable?
Le vivre-ensemble qui se traduit par la volonté de partager une aspiration commune, le partage d’un même territoire, contribue à la réalisation d’un idéal d’intégration nationale sans remettre en cause la spécificité culturelle des individus.
Ainsi, revendiquer son individualité culturelle ne constitue pas un délit en soi, au contraire il s’agit d’une justification de ce “Cameroun en miniature” toujours tant revendiqué. Ce qui s’apparente à un délit,est le fait d’instaurer un climat de frayeur,tension et méfiance dans lequel la “fraternité” perd tout son sens.
Ainsi, le peuple Camerounais devrait toujours avoir en mémoire ces personnes qui se sont faites martyrs afin de pouvoir faire don d’ un héritage durable pour tous sans distinction d’ aubédience linguistique.
TANKEU F. ANTOINE