Et si la culture était le moyen le plus efficace pour l’Afrique d’acquérir le statut de leader sur le plan économique. C’est ce que pense l’universitaire Aline SALEMBERE, qui considère la culture comme le « vibranium » (en référence au film Black Panther) du continent. Retour sur son brillant exposé pendant l’évent TEDxKoulouba en décembre 2018 au Burkina Faso.
Son allocution commence par un constat criard qui pourtant ne semble pas émouvoir les concernés : selon les institutions internationales, l’Afrique est dernière de la classe en matière de développement. Pour elle, la principale cause de ce triste tableau tient d’une situation paradoxale : « L’Afrique est la seule au monde à tenter de se développer avec des normes lui venant d’ailleurs […] ; et des normes qu’elle ne questionne jamais ». Pourtant elle dispose de sa propre culture qui est une véritable mine d’or. Elle propose ainsi d’activer la capacité de déclencheur de développement du patrimoine culturel africain, tel un vibranium, grâce à 3 piliers.
1- L’afro-consommation
Elle l’a défini comme le fait de « produire, transformer, vendre mais aussi acheter majoritaire et prioritairement africain ». Les bénéfices économiques ne tarderont pas à se faire ressentir.
2- L’afro-édification
Il s’agit de « bâtir un savoir africain » qui existe en réalité déjà et dont il suffit d’organiser et de diffuser largement. Ce savoir devrait impacter nos schémas de pensées ainsi que nos protocoles de recherches.
3- L’afro-éducation
En réalité, elle est à la base des 2 autres piliers. En effet, « la socialisation primaire nous donne les lunettes pour voir le monde » et cela est difficilement modifiable par la suite. Il s’agit concrètement non seulement d’apprendre les langues locales mais aussi d’apprendre à travers celles-ci.
Aline SALEMBERE dévoile aussi quelques exemples qui montrent à suffisance l’efficacité de l’application de ces piliers. Notamment le cas du Rwanda, dont le modèle de développement spectaculaire en une seule génération repose largement sur l’exploitation de ce vibranium. Ce modèle gagnerait à être répliqué à l’échelle continentale.
L’intégralité de son exposé est disponible ici.
L’initiative de la ZLECAf (Zone de Libre-Echange Continentale pour l’Afrique) entrée officiellement en vigueur depuis le 1er janvier 2021, pourrait représenter l’opportunité pour les Etats africains de tirer pleinement partie de l’afro-consommation. Si l’afro-éducation relève clairement d’une volonté politique, il reste l’afro-édification qui en attendant qu’elle soit propulsée par la première, devrait faire l’objet d’une prise de conscience auprès de la jeunesse africaine. Cette jeunesse doit réellement désirer et se donner les moyens de se cultiver sur sa propre culture avant de s’intéresser à celle des autres. La démocratisation de l’information disponible et accessible à tous (Internet), nous en donne plus que jamais l’opportunité.
Arielle BEKIMA
Source : TEDxKoulouba event, décembre 2018