Génocide au Rwanda, qu’en retenir ?

Nous avons encore en image l’horreur que fût le génocide de 1994 au Rwanda. Plusieurs publications, films et documentaires existent à ce sujet, mais plus de 20 ans plus tard, un flou persiste encore sur ce qui c’était vraiment passé ces 100 jours les plus sombres de l’histoire du Rwanda. La rédaction d’AFFY revient sur ce qui ne fût pas seulement un drame pour l’Afrique mais pour l’humanité toute entière.

Que savoir ?

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Le génocide rwandais prend ses racines pendant la période coloniale au début du 20ème siècle. Le Rwanda, à l’époque Ruanda-Urundi, comptait dans sa population, trois principales ethnies. Il s’agissait des Hutu majoritairement, des Tutsi, et d’une petite communauté de Twa. A leur arrivée sur le territoire du Rwanda, les colons allemands  découvrirent une société hiérarchisée où les Tutsi représentaient la classe aristocrate et les Hutus la classe paysanne. Dans le cadre de leur stratégie d’administration, les allemands vont transformer cette division ethnique de la société en lui donnant un caractère racial.

En effet, les colonisateurs allemands vont créer une séparation des individus en favorisant  les Tutsis qu’ils considéraient comme une “race” supérieure aux autres. Ils s’appuyaient sur ceux-ci pour asseoir leur autorité, et on verra ainsi pendant longtemps les Tutsi dominer le reste du peuple rwandais.  L’histoire nous apprend que les Tutsi étaient des hommes dotés d’une grande force physique et d’une intelligence remarquable. Quant aux Hutus, plus nombreux, pauvres et exploités, il étaient le peuple d’agriculteurs et de paysans.

Les belges qui viennent administrer le territoire après la deuxième guerre mondiale, vont continuer la gestion du pays dans cette même logique. Ils iront même jusqu’à créer une carte d’identité ethnique précisant l’origine ethnique de chacun. Bien qu’elle confère désormais le statut de citoyens aux Hutu, qui désormais étaient admis dans les écoles au même titre que les Tutsi, celle-ci va entretenir les divisions au sein de ce peuple qui devient de plus en plus égalitaire. Les rumeurs sur l’origine extérieure des Tutsi (qu’on disait originaires de la RDC) ne feront qu’attiser le désir latent de vengeance qui favorisera le début de la protestation raciale des Hutus contre les Tutsi, qui fut jadis leurs bourreaux malgré eux.

En 1959, on commence à parler de l’élimination du peuple Tutsi. Soutenue par l’autorité tutélaire qui souhaitait contrecarrer les Tutsi inspirés par le vent d’indépendance qui souffle sur le continent, les élites Hutu entament une répression sévère visant les Tutsi. C’est ce qu’ils appelaient « la révolution sociale de 1959». Dès 1961, les hutu obtiennent l’indépendance du pays et, sous l’effet du « Hutu Power », commencent à perpétuer des massacres en l’encontre des Tutsi un peu partout dans le pays. Les victimes sont estimés à plus de 20 000, provoquant ainsi l’exil de près de 300 000 Tutsi dans les pays limitrophes. Ces réfugiés constitueront plus tard une rébellion militaire devenue le Fond Patriotique Rwandais (FPR).

Pendant ce temps, à l’intérieur du pays, les Tutsi sont exclus de toutes les sphères de la politique et leur accès aux études et à l’emploi est limité. On assistera même à une campagne médiatique qui stigmatisait les Tutsi, au travers d’une radio, la RTLM, ou radio des Mille Collines. En effet, ce média qui cultivait de plus en plus la haine et la violence envers les Tutsi allaient jusqu’à surnommer ces derniers les « cafards ».

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Le 06 avril 1994, le président rwandais, Juvénal Habyarimana meurt, lorsque son avion, qui s’apprêtait à atterrir à Kigali, est abattu par un missile. Cet attentat, qui n’a pas été élucidé jusqu’à présent, est considéré comme l’élément déclencheur du génocide. Quelques jours plus tard plusieurs personnalités politiques modérées sont assassinées, empêchant tout règlement pacifique de la situation. Pendant des semaines, les violences entre les deux peuples sont tel que les puissances étrangères et l’ONU décident de retirer leurs forces armées car elles estimaient qu’il s’agissait d’un problème interne. Pourtant les exactions, meurtres et violation des droits l’homme qui s’y perpétuaient n’auraient pas dû être permis au vu des standards internationaux. Le contingent réduit de l’ONU resté sur place était uniquement chargé de mettre la communauté étrangère à l’abri dans un but d’évacuation éminente. D’ailleurs les groupes de Tutsi qui tentaient de se réfugier sans succès dans les locaux des casques bleus étaient abandonnés au triste sort de leurs bourreaux.m5922 Le massacre a fait en seulement 100 jours prêt d’un million de victimes, des Tutsi principalement mais aussi des Hutu modérés. Une nouvelle vague de dizaines de milliers de Rwandais s’échappèrent ainsi vers les pays limitrophes tels les territoires de l’actuel RDC et de l’actuel RCA.

Le 18 juillet de la même année, un cessez-le-feu unilatéral est effectif. Le 19, un gouvernement d’union nationale est mis en place. Il fonctionnera pendant une période transitoire de cinq années. Pasteur Bizimungu, devient alors chef de l’État. Paul Kagame qui était chef dans l’armée du FPR, devient vice-président.

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Aujourd’hui le pays a retrouvé des couleurs. Ce pays jadis dévastée fait partie des pays dont le développement est le plus fulgurant, avec une croissance d’environ 8% chaque année. Le sentiment d’identité nationale se construit à mesure que les profondes blessures sont pansées. L’actuel président, Paul Kagamé, a décrété illégal l’évocation aux ethnies. Désormais il n’est plus question de répéter les erreurs du passé.

Que retenir ?

Voici autant de conflits dont les véritables intérêts non avoués jusqu’à présent, ont fortement déterminé la façon de penser africaine qui a rejeté le concept de l’unité entre les peuples d’Afrique.

Si l’on cite aux rangs de responsables l’ONU pour sa passivité, l’Église Catholique pour sa complicité avec les colons belges ou encore la France, dont les intérêts demeurent encore non révélés, c’est aux africains d’élucider ces questions fondamentales qui sont des déterminants forts de l’unité africaine à laquelle nous devons aspirer.

Ceci n’est un secret pour personne qu’à l’époque coloniale les occidentaux ont opté pour la division des peuples pour assoir leur pouvoir sur les territoires africains. Pour le cas du Rwanda, ils ont monté un même peuple, les uns contre les autres, créant de fortes séquelles sur la base de divisions raciales totalement artificielles. Seulement plus de 50 ans plus tard, le principe semble toujours appliqué sur l’ensemble du continent. L’impact de cette domination est toujours présente dans les mentalités des générations plus tard et la méfiance entre africains toujours aussi vivace. L’Afrique que l’on dit « indépendante » est en réalité désunie et continue de subir le néo-colonialisme psychologique et économique étranger.

Notre force réside en l’autre. Les diversités culturelles ne sont pas des raisons d’animosité mais des sources de richesses intarissables dont pourraient profiter des générations entières.

Pour être d’avantage édifié sur ce sujet, la rédaction d’AFFY vous recommande de regarder Tuez les tous ! ” un film documentaire sur le génocide au Rwanda

Oyambe Bollo & Arielle Bekima

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