Interview de Félix Fokoua ( à gauche), passionné d’art et propriétaire de la signature « Secteur4èmeStade», basée à Yaoundé.
Nous l’avons découvert derrière une boulangerie accroupi en train de faire des gribouillis sur une feuille de papier. A notre montre, 13H, lorsque nous rencontrons le propriétaire de la signature Secteur4èmestade. Il s’appelle Felix Fokoua, et il fait un art frais, l’art digital !
Ses principaux locaux sont dans le quartier Mendong à Yaoundé. C’est là qu’il médite et conçoit ses créations artistiques d’un nouveau genre.
Depuis le primaire !
Notre homme est un passionné de dessin depuis qu’il est enfant. En effet, à l’âge de 7 ans, pendant que les garçons de son âge jouaient au football, Félix, lui, dessinait lorsqu’il avait un peu de temps. Quand il faisait ça, il essayait de reproduire les dessins qu’il voyait dans les BD, et à la télévision, particulièrement, les mangas (DragonBall Z, Saint Seya, etc…), et les dessins franco-belges (Lucky Luke). Bien heureusement, les dessins de Félix Fokoua plaisait à ses petits camarades qui s’empressaient de les lui emprunter.
Après le BAC, l’artiste déménage à Buéa, où il poursuivit ses études dans le cycle supérieure à la faculté de Biologie de U.B (University of Buea). Il étudie alors la biochimie, et décroche quelques années plus tard, une brillante licence (avec mention) dans cette filière.
Il trouve sa voie, la société qui l’entoure !
Durant ses études, il n’a pas arrêté de dessiner, c’était sa passion. Toutefois, cela ne l’a pas empêché de se remettre en question. La main saisissant son menton, Félix examine ses motivations, il revoit ses objectifs, la raison d’être de son travail artistique. Pourquoi dessiner les dessins mangas, les dessins franco-belges, sur mes feuilles ? Cela me correspond-il vraiment ? N’est-ce pas commun ? Finale ment, est-ce juste ? Est-ce utile à la société dans laquelle je vis ? Pourquoi ne pas dessiner ce qui m’entoure, comme eux ils le font ?
Il prend alors le tournant le plus important de sa carrière.
Félix décide de dessiner exclusivement les réalités, mieux, le quotidien de son pays natal, sa patrie, le Cameroun. C’est là que naissent alors les premiers croquis de sa futur bande dessinée « Secteur4èmeStade » en 2010.
La BD « Secteur4èmeStade », déroule le quotidien de quelques personnages, dans un quartier imaginaire (Secteur4èmeStade) de la ville de Yaoundé. Sa futur BD traite vraiment des choses que l’on peut observer dans la société actuelle. Il y aura un épisode par exemple, sur Parifoot, un autre sur la fête et les sorties, un autre sur les églises réveillées, un épisode sur la corruption etc… . Il espère la finir dans les prochains mois, malgré la pile de travaux sur sa table.
Marante, la BD de Félix, nous causait des fous rires durant l’entretien ! Cool !
Quand la passion possède un étudiant !
Cette BD, il l’a commencé à la main, il la numérise ensuite. Par ailleurs, le jeune artiste se met progressivement à l’art digital. Art digital parce que c’est de l’art fait sur ordinateur. En gros.
Déterminé, Félix économise et s’achète un ordinateur, et une tablette de dessin numérique ! Nous sommes en 2013.
Malheureusement, Félix Fokoua, n’est pas satisfait par le rendu de ses dessins. Il refuse que ses dessins tombent dans les clichés de l’Africain qui dessine un Africain en Afrique. Il ne voulait pas faire un dessin basique, sans ambiance. Non !
Notre dessinateur veut du « DeutcheKalität », une qualité reconnue, un dessin sophistiqué, agréable, et surtout beau à regarder quelle que soit la région du globe où l’on se trouve.
Il se met alors en quête de meilleures techniques pour son dessin, tout en cherchant à améliorer son style. Il a dû faire la tournée des tutoriels en ligne, des vidéos d’apprentissage, un tas de lecture sur la gestion des lumières en dessin, les couleurs, les formes, la construction d’images. Rien qu’à y penser, c’est fatiguant ! N’est – ce pas ?
Fatiguant ou pas, c’est grâce à ce dur labeur, qu’à la fin, émerge ces magnifiques dessins aboutis, sophistiqués, captivants, que l’on voit chaque jour by Felix Fokoua, un camerounais.
Un délice pour les yeux !
Une décision courageuse, non ! Un choix de vie !
Après sa licence, notre artiste revient à Yaoundé, envisageant poursuivre un Master 1 dans la mère des universités. Seulement notre artiste aime bien savoir le pourquoi du comment. Il met son avenir en perspective, et se rend compte que la biochimie qu’il aimait tant, ne l’intéressait pas plus que ça. Il ne se voyait pas s’épanouir, dans un poste quelconque en rapport avec sa formation universitaire.
La décision est prise, Félix va faire du dessin numérique, de l’art digital à plein temps. Nous sommes en 2015.
Il s’empresse d’ouvrir une page Facebook, et dans d’autres réseaux sociaux. Ces créations font le tour de la toile, souvent sans signature, comme l’image en hommage à Maroua. Rien n’y fait, son talent est reconnu, et apprécié. C’est ce qui le vaudra d’être invité à exposer ses œuvres dans divers salons artistiques à Douala, Yaoundé, et pendant des évènements liés à la BD « made in Mboa » comme le Mboa BD Festival – Edition 8 qui se tiendra à Douala dès le 29/11. Il enregistre aujourd’hui des commandes d’individus et d’organisations locaux pour certains, installés à l’étranger pour d’autres.
Il est l’auteur d’un pack sympa sur l’application de messagerie Telegram, STICKERS 237. Il est un membre du projet Dikalo Messenger sorti le 24 octobre, et travaille en freelance avec Madiba chez Kiro’o Games.
Concernant l’art Félix Fokoua pense que « L’art au Cameroun est encore en plein essor; il y a beaucoup de talents et de bonnes choses faites mais je pense que les artistes devraient créer leurs propres mécaniques de rentabilité et non toujours attendre du gouvernement ou autres structures pour pouvoir s’exprimer et valoriser leurs œuvres ».
Concernant les jeunes, il dit de : « croire en ses projets et surtout se donner les capacités de les réaliser. La plus grande force de la jeunesse est le temps et la santé et même si les choses semble impossible. Il est important de pouvoir s’adapter pour réaliser ses objectifs ».
L’histoire d’un jeune qui à l’audace de croire en ses capacités, en son talent, en ses rêves. Le plus intéressant c’est le temps et l’énergie qu’il a exploités pour voir son rêve et sa vision, se réaliser. Comme quoi, le travail consume la distance entre le rêve et sa concrétisation.
Avec la passion, la persévérance, le travail, le rêve finit toujours par se réaliser !
Stickers237 : Conversation entre Brenda et Mama Chantou
Article rédigé par Oyambe Wilfried