Mémoires africaines de la francophonie

Du 21 au 30 juillet dernier s’est tenue dans la capitale ivoirienne la 8ème édition des jeux de la francophonie. Quelle est l’origine d’une telle institution ? 

Souvent considérée à tort ou à raison comme un concept purement européen, la Francophonie malgré la racine « France » qui s’y dissimule, a des origines encore plus diverses. Diversité qui se dévoile lorsque l’on plonge dans l’histoire qui a abouti à la création d’une organisation telle que l’OIF (Organisation Internationale de la Francophie). Histoire révélée à travers des grandes figures de l’indépendance telle que Léopold Sédar Senghor, Hamani Diori, Habib Bourguiba et Norodom Sihanouk. Un quatuor qui a su porter haut la flamme d’un concept universaliste.

LA FRANCOPHONIE : UNE UNIVERSALITE TRES PEU POPULAIRE …
Vers 1880, le géographe Français Onésime Reclus invente le mot « Francophonie » dans le cadre de ses réflexions sur la meilleure réponse de la France au jeu des forces à l’œuvre dans le monde à la fin du XIXème siècle. La Francophonie à la base et même aujourd’hui est une notion renvoyant à l’ensemble des personnes et institutions qui utilisent la langue Française comme langue maternelle, langue d’usage, langue administrative ou langue choisie. Bien qu’étant universaliste, le concept de Francophonie à cette époque est très peu populaire.

LEOPOLD SEDAR SENGHOR : CHANTRE ACTIF DE LA FRANCOPHONIE …
Le rôle du poète et homme d’Etat Sénégalais, Léopold Sédar Senghor est indéniable dans la popularisation du terme Francophonie. Il lui donne ses lettres de noblesse en posant les jalons nécessaires à la création d’une communauté au sein de laquelle la conscience d’avoir en commun une langue et une culture Francophone serait la mieux partagée.

​Ses multiples œuvres littéraires témoignent de son amour pour la langue Française. Une passion pour cette langue qui fait de lui un artisan de la création en 1970 de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT), ancêtre de l’OIF.
Toutefois, cette ambition universelle va se propager au-delà des frontières en incluant d’autres francophiles comme Hamani Diori (Niger) et Habib Bourguiba (Tunisie)

L’AGENCE DE COOPERATION CULTURELLE ET TECHNIQUE : UNE COLLABORATION AFRICAINE A VOCATION UNIVERSELLE
Certains s’accordent à dire que Léopold Sédar Senghor est le père fondateur de la Francophonie au regard du charisme dont il a témoigné dans la promotion et la matérialisation du concept.
Cependant, l’ACCT n’aurait pu voir le jour sans la contribution d’autres penseurs pour la plupart Africains : Hamani Diori en Afrique noire et Habib Bourguiba en Afrique blanche. Des figures emblématiques de l’indépendance dans leur pays.


Hamani Diori, Homme politique Nigérien et Président de la République du Niger (1960-1974) conçut le projet de l’ACCT afin de réunir « les Etats utilisant la langue Française ». Il s’agissait grâce à cette agence de « compléter et diversifier la coopération existante et non pas de la remettre en cause »;
Un projet de création partagé par l’homme d’Etat Tunisien Habib Bourguiba, fervent défenseur de l’indépendance et de la démocratisation des institutions en Tunisie . En 1970, l’ACCT, première institution de la Francophonie est fondée à Niamey.
Célébrer la Francophonie, c’est commémorer le multiculturalisme attaché à son histoire. Une diversité marquée par l’affirmation de l’originalité des cultures Francophones. Une philosophie qu’ont su rendre universelle ses précurseurs.

Antoine Tankeu

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