Sarah Hanffou, le pari de l’abnégation pour l’égalité

Une personnalité en qui justice, tennis de table et actions humanitaires s’allient en parfaite symbiose. Le parcours de Sarah Hanffou, empreint de détermination et de générosité, a de quoi éveiller notre sens du leadership.

Un parcours professionnel teinté d’endurance

Avocate de profession, le droit lui est apparu depuis l’enfance comme une évidence. « L’injustice est une chose qui m’irrite dans ma chair. Donner les mêmes chances aux uns et aux autres fait partie de ma vie ».

Née d’une mère française, d’un père camerounais et ayant grandi en France, Sarah entame sa licence en droit à l’université de Lille. Elle effectue son Master à la faculté de droit de Paris 5ème.

Désireuse d’entamer une thèse en droit public, elle est confrontée à des limitations pécuniaires. Le poste d’officier dans l’armée de terre se présente comme une double opportunité: acquérir une autonomie financière en performant son caractère: « être dans l’armée équivaut à cultiver des valeurs d’abnégation, servir quelque chose de plus grand que soi ».

En 2015, Sarah Hanffou défend sa thèse portant sur « la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ». Elle intègre le barreau d’Aix-en-Provence en 2019. Elle intervient en droit public et droit des professionnels de santé. « Le point commun avec les professionnels de santé est qu’on se sent utile à l’autre. Je suis heureuse quand je sens que je peux avoir un impact dans la vie des gens. C’est ce qui guide ma vie et fait mon bonheur. J’ai toujours eu un profond respect pour les professions médicales et j’ai voulu leur apporter ma contribution ».

Dans un secteur qui se veut élitiste, c’est sans sourciller qu’elle s’installe à son compte: « Je n’appréhendais pas les regards et les dires parce que j’avais déjà une expérience professionnelle et surtout, je suis restée concentrée sur l’essentiel. »

Sarah alloue ainsi focus, discipline à chacune des sphères de sa vie…

Le tennis de table, plus qu’un sport

La passion pour le « ping-pong » sonne finalement comme un hasard. Dès l’âge de 8 ans, son cran inné, mêlé à un travail acharné la mène à intégrer l’équipe nationale française à l’âge de 12 ans. « Je ne me considère pas comme talentueuse, mais plutôt comme travailleuse. Lorsqu’on a des résultats, on a forcément envie de continuer… ».

Jouer sur plusieurs tableaux nécessite une organisation des plus minutieuses. Sarah Hanffou ne tarit pas de ressources inextirpables. Son mot d’ordre: gestion du temps. « Quand on regarde de près, on se rend compte que 24 heures… c’est assez. Tant qu’on reste concentré sur ses objectifs, on peut tout faire. En ce qui me concerne, tout est très réglé, il y a très peu de place pour l’imprévu ».

Comme tout parcours qui se veut ambitieux, savoir surmonter les zones de turbulences est devenu une seconde nature: « c’est important de se créer son conseil d’administration personnel, une famille qu’on se crée, des amis, des mentors qu’on peut solliciter, qui nous accompagnent, nous boostent et nous recadrent si nécessaire ».

Malheureusement, à la table des choix en 2007, il a fallu faire une pause et dire au revoir à l’équipe de France.

En 2010, elle revient et se tourne vers ses racines, mais pas que. « Jouer pour le Cameroun était un moyen de faire connaître mes origines, d’y ramener des sponsors et faire développer le sport, notamment le tennis de table, comme un outil éducatif».

C’est avec cet inflétrissable engouement qu’elle portera les couleurs de sa terre-mère aux Jeux Olympiques 2020 qui se tiendront du 23 juillet au 8 août 2021 au Japon.

Crédit photo: Remy GROS

Ping Sans Frontières, une quête d’égalité

Une association qui voit le jour en 2006, à la suite des jeux de la francophonie à Niamey, au Niger en 2005. Le décalage criard entre le quotidien de Sarah et celui de la jeunesse africaine crée un électrochoc. « Lorsqu’on découvre d’autres endroits, on se rend compte à quel point on est privilégié, tant sur le plan matériel que physique ».

L’opportunité de faire du tennis de table, un biais de rééducation physique, de réinsertion sociale. Faire usage du sport afin de véhiculer des valeurs telles que la confiance en soi, le dépassement de soi, le travail collectif, pour une jeunesse marginalisée.

Cependant, le désir de changement et d’innovation ne suffit pas toujours, faudrait-il encore avoir les moyens de ses objectifs. « J’étais révoltée… tous les équipements devaient venir de Chine avec les coûts et les conditions peu équitables que cela comportait. Pour un sport qui se voulait « de loisir », il devenait inaccessible ».

Céder place à l’ingéniosité, un moyen de transmettre des valeurs humaines et d’apprendre autrement. La conception de raquettes et  tables de ping-pong avec du bois local se fera grâce à la participation de tous: « les jeunes peuvent ainsi se sentir utiles, apprendre les mathématiques, le dessin… ils sont encadrés par des instituteurs. C’est un travail d’équipe… »

Ping sans frontières… vers l’autonomie

L’autonomie s’inscrit dans les projets futurs de PSF. Implanté à ce jour dans divers pays du monde, la contribution, la dévotion des multiples partenaires et donateurs permettent dès à présent d’envisager un « self-government » des actions menées. « La création d’entreprises sociales de fabrication et vente de tables de ping-pong et le recyclage de matériel et vêtements usagés, nous permettrons d’être moins dépendants… »

Un idéal à la hauteur de l’investissement

Une aventure de prime abord décousue, mais au final des plus cohérentes. Esprit compétitif, travail, abnégation, détermination, soif de justice rythment le quotidien de Sarah Hanffou. Supplanter les dictats, relativiser, sans se détourner de sa vision.

Accepter de grandir même face à l’adversité: « tout le monde est confronté aux échecs et aux trahisons. Mais il faut croire en soi, se donner les moyens de ses objectifs et ne pas les perdre de vue. Croire en l’humanité. Si j’y suis arrivée, tout le monde peut y arriver… »

Un mental d’acier et une hardiesse infaillible ne seront jamais que des ingrédients indispensables à un parcours d’élite…

Paule Moko

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