Yann Simo: l’entrepreunariat n’attend point le nombre d’années.

Yann Simo

À seulement 22 ans, Yann Simo, trader à la BoA (Bank of America) France, détient un parcours des plus inspirants, qui n’a rien à envier aux grands noms de la nouvelle génération d’élites camerounaises. Co-fondateur de Stud’hero et Simo&sons, son histoire entrepreneuriale est source de motivation, un exemple de créativité, de discipline et persévérance pour une jeunesse en quête d’accomplissements.

« Impacter sa génération », un leitmotiv qui restera son carburant, et lui permettra de garder les pieds sur terre, dans un monde où le business est déviant et perd en authenticité. Son attrait pour le contact humain et le commerce formeront le point de départ de cette aventure pleine de rebondissements. Élevé par ses grands-parents, Yann Simo a grandi à Mini-ferme, un quartier populaire de Yaoundé. Sa grand-mère y tient un bar et très tôt, Yann se sent investi dans la gestion de la trésorerie. Il savoure les échanges et négociations avec les clients à l’arrière de son comptoir et s’émerveille devant les chiffres des comptes.

Adolescent, une opportunité d’achat de « jeux vidéo » à bas prix, met son esprit en éveil et le pousse à initier une activité d’achat-revente, qui lui génèrera des revenus. Yann n’est qu’en classe de quatrième.

Auto-discipline et épargne lui permettent d’emmagasiner suffisamment de liquidité, lorsqu’avec un ami proche, ils décident, en classe de seconde, d’ouvrir un « cybercafé » qui ne comptera que deux ordinateurs au départ, mais qui très vite s’étendra à une vingtaine de postes. Malheureusement, un accident fera stopper l’activité. L’occasion malgré tout pour Yann Simo de se concentrer sur ses examens officiels et ensuite, devenu étudiant à l’UCAC, ouvrir grâce à ses économies, un magasin d’appareils électroniques à l’avenue Kennedy à Yaoundé. Les affaires étant florissantes, il étend son activité et ouvre un deuxième magasin dans la ville de Douala.

En deuxième année de ses études de gestion, Yann Simo fait une affaire, revend ses deux magasins et s’envole pour la France achever sa formation académique. Un concours de circonstances le mène à Munich lors d’un séjour récréatif, où il initie une nouvelle activité d’achat-revente de véhicules à destination de l’Afrique, durant environ deux ans. Il intègre en quatrième année une école de commerce, l’EDHEC, classée parmi les cinq meilleures de France. Il affute de ce fait sa dextérité dans l’apprivoisement des marchés financiers, socle de l’économie mondiale actuelle.

Mais il ne se limite pas à cela. Au-delà de ses facultés de gestionnaire et investisseur, Yann Simo est passionné par la transmission et l’enseignement. Il se propose de dispenser des cours particuliers à ses acolytes. Sa satisfaction est de courte durée lorsqu’il réalise le manque criard de formation en gestion financière, investissement au sein de son pays. Aidé de son frère et de son père, il crée une plateforme, Simo&sons, spécialisée dans le conseil financier et juridique, à destination des Camerounais. Il achève ses études à l’EDHEC et les opportunités ne se font pas attendre. Fort de ce constat, le besoin de partage se fait plus intense. « Nous n’étions que deux Camerounais dans ma promotion. Je me suis dit que ce serait merveilleux si davantage de camerounais bénéficiaient des mêmes opportunités, sachant les ouvertures qui sont possibles ».

C’est ainsi que naît Stud’hero, un programme de formation et de préparation au concours des grandes écoles françaises.

Stats Stud’Héro en 2020

« Il faut commencer par ce qu’on sait. Il serait aberrant de se lancer d’emblée dans un secteur qu’on ne maitrise pas » dit-il. Un taux de réussite de 95% à son actif, les formations engloberont à l’avenir les écoles anglaises voire belges, pourquoi pas ?

« Deux à trois ans plus tard, une vingtaine de Camerounais sont inscrits au sein des cinq plus grandes écoles françaises grâce à notre programme. C’est une fierté car cela démontre que nous progressons et que le changement est effectif ». Il pointe cependant du doigt un élément-clé, l’auto-détermination dont doivent faire preuve les étudiants, sans pour autant se défaire de ses responsabilités. « Nous le disons à nos étudiants avant même de les admettre dans le programme, ils doivent s’investir. Leur contribution doit représenter cinquante pour cent du travail voire soixante pour cent. Si nous ne faisons pas notre travail, cela ne servira à rien. Mais si nous équipons adéquatement les étudiants, même les moins outillés, ils deviendront plus que compétents s’ils sont déterminés ». Une formation ouverte à tout profil comme il le mentionne : « une école de commerce nous apprend à faire du commerce, le bayam-sellam comme on dit chez nous. Pas besoin de faire des études de comptabilité afin d’y accéder. On peut être médecin et intégrer une école de commerce. Le tout c’est d’avoir la personnalité qui sied ».

Des tarifs plus qu’abordables et des possibilités de réduction selon les situations individuelles, dans un souci d’accessibilité pour le plus grand nombre. « La formation s’étend sur trois mois à raison de 260 / mois. Nous avons mis en place un programme solidaire qui permet de réduire les coûts pour les personnes en difficulté financière. Nous sommes d’ailleurs en pourparlers avec certaines écoles qui supprimeraient les frais de candidature à nos étudiants » Une aventure loin d’avoir une connotation pécuniaire malgré les apparences, mais qui à coup sûr taillera ses empreintes dans la pierre. « Pour impacter sa génération, il faut être crédible. Il est fondamental d’avoir suffisamment de connaissances pour apprivoiser le terrain, gagner en expérience puis générer des ressources financières afin de mener des activités solidaires. Cela passe par le fait d’accompagner des semblables dans leur conquête financière, leur donner suffisamment d’outils afin qu’ils puissent émerger ».

Un puits de ressources pour les générations actuelles et futures, qui ne savent plus où donner de la tête entre les différents slogans qui positionnent l’entrepreneuriat comme pilier de tout accomplissement humain, au détriment des chemins purement académiques. La position de Yann Simo reste claire : « C’est important de se connaître soi-même. L’entrepreneuriat c’est bien mais ce n’est pas pour tous. Les études nous donnent un sens commun de la vie. Cette base est utile si on souhaite s’en sortir en société. Si je devais donner un conseil à la nouvelle génération, il serait d’apprendre à connaître sa personnalité et s’instruire avant de faire un choix ».

Ardeur, générosité, humilité, et plus que tout, une affection particulière pour le Cameroun, le conduisent encore aujourd’hui à relever de nouveaux défis. Une imagination intarissable qui ne demande qu’à explorer et à bâtir sur un terrain vierge qui regorge de potentiels à tous les coins de rue. Une pépite qui n’a pas fini de nous surprendre, et nous inspirer par son courage, son intégrité et sa simplicité. Une vision indéfectible, des projets en croissance, sans se détourner de son crédo, et l’aventure continue…

Paule Moko

2 commentaires sur « Yann Simo: l’entrepreunariat n’attend point le nombre d’années. »

  1. je suis ravi de beneficier des fruits de votre entrepreneuriat Mr Yann. je progresse avec Stud’Hero qui, initialement destiné aux seuls camerounais, le monde entier en bénéficie desormais.
    courage et alors courage.

  2. Un parcours très interessant et tres enrichissant mon jeune Entrepreneur. Beaucoup de personnes beneficieront de ton initiative et de tes conseils pour pouvoir se lancer. Mes felicitations pour cet exemple et assez de courage pour la suite.

    Daniel

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